Dans le cadre de la discussion du projet de loi sur les mobilités, le député Matthieu Orphelin a déposé un amendement proposant l’interdiction de la publicité pour les voitures polluantes. Quelques éléments du débat.
L’amendement introduit par le député LREM est radical. Il propose ni plus ni moins d’interdire la publicité à compter du 1er janvier 2020 pour tout véhicule thermique émettant plus de 60 grs de CO2. Si ce seuil était retenu, seuls les véhicules hybrides pourraient encore bénéficier de la publicité. Autant dire qu’en l’état cet amendement n’a aucune chance d’être adopté. Monsieur Orphelin en est conscient et se dit prêt à discuter… jusqu’à 120 grs par exemple… Pour lui, le plus important est de recentrer la publicité sur les modèles les moins polluants et sur les véhicules électriques ou à hydrogène.
Aujourd’hui, l’automobile est un moteur de l’activité économique. C’est aussi le 2ème secteur publicitaire en France. Cela pèsera lourd dans le débat. Comme pèseront lourd sans doute les tendances actuelles du marché. En 2018, la moyenne d’émission de CO2 des voitures vendues s’est élevée – selon l’Ademe – à 112 grs, soit 1 gr de plus qu’en 2017. Certes, un tout petit gramme, mais qui renverse la courbe! Rappelons aussi que l’Union Européenne préconise 95 grs pour 2021. Quant aux SUV, plus lourds donc plus consommateurs de carburant, donc plus émetteurs de CO2 ont représenté en 2018, 36% des ventes!
Mais qu’est-ce qu’une voiture polluante? Un critère existe déjà, celui du malus auto. Si on le retenait, 3400 modèles seraient privés de publicité et 30% des voitures vendues en 2018 devraient également faire sans publicité à l’avenir. Un malus qui rapporte d’ailleurs gros à L’État, quelque 560 millions d’euros en 2018. Pas étonnant, 30% des voitures achetées l’ont été avec malus.
Madame Élisabeth Borne, Ministre de la transition écologique se dit opposée à cet amendement. Elle fait une contre proposition : rendre obligatoire dans la publicité automobile un message en faveur des transports en commun ou des mobilités actives. Encore une pub avec message vont dire les publicitaires et franchement, ils n’auront pas tort. Multiplier les messages, n’est-ce pas prendre le risque de les rendre moins percutants?
Quel est l’avenir de cet amendement? Sans doute bien fragile. Et si nous en tirions au moins une leçon? Comme s’engager pour une publicité automobile plus responsable. Une publicité dans laquelle un constructeur allemand ne suggérerait pas de sélectionner l’itinéraire le plus long pour aller à Barcelone pour profiter au maximum du plaisir de conduire. Une publicité dans laquelle un constructeur d’un gros SUV ne nous le vendrait plus comme une … citadine. Devant les enjeux il est peut être temps, pour certaines publicités, de devenir adultes.