Le cinéma peut désormais faire de la publicité à la télévision pour un film, une publicité jusqu’alors interdite. En même temps, le nombre de films que peut diffuser le petit écran est revu nettement à la hausse. Explications.
Lorsqu’en octobre 1968, la publicité fait son entrée à la télévision, certains secteurs lui sont interdits, principalement dans le souci de protéger les autres médias publicitaires. Le cinéma faisait partie de ces interdictions, avec, comme justification supplémentaire, celle de ne pas signer un chèque en blanc aux productions américaines dotées de largement plus de moyens financiers que les productions françaises que l’on entendait ainsi protéger.
Le cinéma accède enfin à la publicité télévisée
Si cette interdiction a été maintes fois remise en cause ces dernières années, c’est au projet de loi de réforme de l’audiovisuel que l’on doit d’avoir franchi le pas. Mais la crise sanitaire en a voulu autrement et le Gouvernement a décidé d’agir par décret. C’est donc un décret du 6 août 2020, applicable dès le 7 août qui autorise désormais, à la télévision, la publicité pour les films. La concurrence des plateformes de streaming, notamment Netflix et Amazon aura eu raison des dernières hésitations. Dès le week-end des 8 et 9 août on pouvait voir les premiers spots publicitaires en faveur du cinéma.
Cette autorisation est toutefois donnée à titre expérimental pour 18 mois. Un rapport d’évaluation sera dressé au bout de 15 mois, c’est-à-dire à l’automne 2021. Il tiendra compte des effets sur les autres médias publicitaires, notamment la radio, la presse et l’affichage, ainsi que de l’évolution de la fréquentation des salles.
Les règles de programmation assouplies
Dans le souci de protéger les salles obscures, la programmation des films de longue durée à la télévision est encadrée. Cet encadrement demeure, mais il est largement assoupli. Ainsi, est levée l’interdiction de projeter des films sur les chaines non-cryptées certains jours et à certaines heures. Étaient concernés le mercredi soir, le vendredi soir, le samedi et le dimanche après-midi. Ces plages interdites sont donc désormais levées. Reste toutefois une restriction qui concerne le samedi à compter de 20H30 : les chaines ne pourront diffuser que des œuvres dont elles ont financé la production ou des œuvres d’art et d’essai.
Par ailleurs le nombre de films autorisés sur les chaines en clair passe de 192 à 244 par an, dont 196 (contre 144) entre 20H30 et 22H30. Quant aux chaines dédiées au cinéma, le nombre d’œuvres autorisées passe de 500 par an à 800.
Avec la levée de l’interdiction de la publicité télévisée en faveur du cinéma, une page d’un demi-siècle se tourne. Les secteurs encore interdits de télévision se réduisent désormais à une peau de chagrin, principalement la promotion pour la grande distribution et les éditions littéraires.
Mise à jour le 10 septembre 2022
Compte tenu de la pandémie et de ses incidences sur la fréquentation des salles obscures, l’expérimentation prévue au départ pour 15 mois avait été prolongée une 1ère fois jusqu’au 6 octobre 2022. Le Ministère de la Culture vient de décider de la prolonger une 2ème fois jusqu’au 6 avril 2024. L’objectif est d’analyser sur des bases réelles l’effet de la publicité pour le grand écran à la télévision sur la fréquentation des salles mais aussi les effets collatéraux sur la radio et la presse. A suivre donc…
A fin 2021, 136 films avaient profité de la pub TV, soit quelque 12389 spots publicitaires qui ont rapporté aux chaines 44 millions d’€