La régie Mediatransports vient de refuser aux éditions Fayard une campagne de publicité en faveur du livre « Ce que je cherche » de Jordan Bardella. Comment justifier cette décision ?
La sortie du livre « Ce que je cherche » de Jordan Bardella est prévue pour le 9 novembre. Un tirage à 155 000 exemplaires. Les éditions Bayard avait retenu auprès de la régie publicitaire Mediatransports un achat d’espace de plus de 500 panneaux dans les gares de la région parisienne, sans toutefois préciser de quel livre il s’agissait. Ce 28 octobre, Mediatransports annule cette campagne, au grand dam bien-sûr de Monsieur Bardella qui invoque une atteinte à la liberté d’expression.
Les fondements du refus de vente de Médiatransports
L’annulation de la campagne par la régie s’apparente bien à un refus de vente qui, par principe, est interdit lorsqu’il est sans motif.
Mais il faut d’emblée mettre dans la balance le fait qu’une régie est l’un des acteurs de la publicité et qu’en conséquence elle peut être poursuivie en coresponsabilité en cas de dérapage ou de manquement à une règle ou à une obligation. Elle garde donc, par principe, un pouvoir d’appréciation.
La particularité est ici que la campagne était prévue dans les gares de la SNCF et donc dans une activité de transports assimilée à un service public. La régie considère que la notion de service public exige une neutralité politique absolue. Elle estime que cette exigence n’est pas remplie par l’annonceur dans la mesure où l’auteur du livre est un homme politique très engagé et que le titre « Ce que je cherche » laisse deviner un contenu fortement politisé et non un ouvrage biographique.
Par ailleurs, Médiatransports peut s’appuyer, pour justifier son refus, sur ses conditions générales de vente Metrobus/Mediagare. L’article 8 intitulé « Responsabilité – Droit de refus » stipule expressément dans son alinéa 1 « Le régisseur peut…refuser…une publicité incompatible avec les principes fondamentaux du service public ». De son côté, l’alinéa 5 dispose « tout message publicitaire présentant un caractère politique … est prohibé. »
Un antécédent
En mars 2020, Médiatransports avait refusé une campagne publicitaire de Greenpeace. Celle-ci avait pour slogan « Face à l’urgence climatique, les discours ne suffisent pas », slogan en surimpression sur une banquise dont les morceaux se détachaient en formant des « Bla bla bla« . Médiatransports avait refusé la campagne jugeant que le message était très politisé.