L’Autorité Nationale des Jeux vient de rendre publique sa position sur les stratégies promotionnelles des opérateurs de jeux d’argent et de paris sportifs pour 2023. La Française des Jeux devra passer le rattrapage.
Comme nous le relations dans nos colonnes, depuis un décret du 4 novembre 202O, les opérateurs de jeux d’argent ont l’obligation de faire valider par l’Autorité Nationale des Jeux (ANJ), leur organe de contrôle, leurs stratégies promotionnelles envisagées pour l’année à venir.
Au titre de 2023, l’ANJ a ainsi étudié les stratégies de promotion des 19 opérateurs assujettis à cette obligation. Elle en a validé 18, mais recalé les propositions de la Française des Jeux qui dispose d’un délai d’un mois pour représenter sa copie. L’objectif de ce contrôle est bien entendu d’éviter que la publicité pour les jeux d’argent n’encourage le risque d’addiction, mais aussi de protéger les personnes fragiles. Bien que l’ANJ ait validé pratiquement toutes les stratégies présentées, elle a néanmoins émis quelques points de vigilance sur lesquels il est intéressant de revenir.
Les points de vigilance
L’ANJ souligne le niveau élevé des investissements publicitaires des opérateurs, investissements qui s’élèvent à 630 millions d’€ pour 2023, soit une progression de 6% par rapport à 2022 qui était pourtant l’année du Mondial au Qatar. L’Autorité relève également une progression de 23% des investissements sur le numérique. Elle note par exemple le recours de plus en plus fréquent au marketing d’influence avec une prévision de partenariats avec 117 influenceurs ou ambassadeurs. Or, on le sait, les jeunes sont les premières cibles des créateurs de contenus. L’ANJ constate également une augmentation du sponsoring sportif par des opérateurs, craignant de ce fait une surexposition des mineurs et des personnes fragiles et également le risque d’associer dans les esprits sport et argent. Enfin, l’ANJ fait remarquer que les investissements publicitaires pour les jeux d’argent sont programmés sur toute l’année, et que cela peut présenter le danger d’inscrire les jeux d’argent dans le quotidien des Français, d’en faire un produit banalisé. Des éléments à méditer sans aucun doute alors qu’en novembre dernier les médias ont précisément signé des chartes de bonne conduite en matière de publicité pour les jeux d’argent.
Le rejet de la stratégie de la Française des Jeux
La Française des jeux voit donc sa stratégie publicitaire pour 2023 remise en cause. Et cette décision est en partie motivée par son statut spécifique puisque la Française des Jeux bénéficie d’une activité en monopole, ce qui l’oblige sans doute à encore plus de vigilance. L’ANJ estime que la campagne promotionnelle prévue par cet opérateur n’est ni assez limitée ni assez mesurée. Elle rappelle que la promotion pour les jeux d’argent doit avoir pour objectif d’informer sur les produits, et non de « stimuler activement ». Elle relève que le nombre de campagnes prévues est important et que cela risque d’exposer les cibles aux messages publicitaires de manière « importante et continue ». L’ANJ souligne encore des slogans jugés trop accrocheurs, tel que « Une pluie de millionnaires. » Globalement l’autorité de contrôle estime que la stratégie promotionnelle de la Française des Jeux peut présenter le risque de banaliser la pratique du jeu d’argent, d’en faire finalement un produit de consommation courante.