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Tour de vis sur la publicité pour les jeux d’argent

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Plusieurs publicités d’opérateurs de jeux d’argent et de hasard ont, ces dernières années, défrayé la chronique. En réaction, la réglementation, le Conseil Paritaire de la Publicité et l’ARPP ont pris des mesures. État des lieux.

Les jeux d’argent et les jeux de hasard ont bénéficié de l’ouverture à la concurrence par une loi du 12 mai 2010. Cette loi avait été précédée par une recommandation de l’ARPP en juin 2009 destinée à guider les publicitaires. Une décennie plus tard, renforcer l’encadrement de ce type de publicité sonne comme une évidence.

On se souvient que le 17 mars dernier, l‘Autorité Nationale des Jeux (ANJ) donne un mois à Winamax pour retirer son film publicitaire « Tout pour la daronne » un film signé TBWA Paris. Un film contraire au décret du 4 novembre 2020 qui interdit de véhiculer dans la publicité le message que les jeux d’argent peuvent contribuer à la réussite sociale. Le même opérateur avait par ailleurs déjà été sanctionné par le JDP pour un message pour le moins pas très élégant : « On prend l’Europe et on l’enc… à deux »

Une stratégie promotionnelle sous contrôle

Un décret du 4 novembre 2020 instaure un contrôle annuel de la stratégie promotionnelle des opérateurs de jeux ou de paris en ligne. Ces opérateurs doivent chaque année, au 30 octobre, faire valider par l’ANJ leur stratégie promotionnelle en indiquant les médias utilisés, les vecteurs de promotion, l’estimation détaillée du budget et la description des cibles pour les différents jeux promus. L’ANJ dispose d’un délai de 2 mois pour notifier sa décision. En cas de modification de la stratégie en cours d’année, une notification doit être faite à l’ANJ par  l’opérateur au moins 2 mois avant la mise en œuvre des modifications.

Les messages interdits

Après une première décennie basée sur les engagements volontaires des opérateurs, à l’image de la Charte de bonne conduite du 27 juillet 2010 voulue par le CSA, il apparait nécessaire de renforcer la réglementation. A cet effet, le décret du 4 novembre 2020 donne un réel tour de vis quant aux messages publicitaires interdits. Est ainsi interdit :

-d’inciter à une pratique de jeu excessive, banalisée ou valorisée

-de prétendre que jouer contribue à la réussite sociale

-de faire des déclarations infondées sur les chances de gains ou sur les gains eux-mêmes

-de prétendre que jouer peut apporter une solution à des difficultés personnelles, professionnelles, sociales ou psychologiques

-de prétendre que le jeu permet de gagner sa vie, qu’il peut être une alternative au travail

-de mettre en scène des mineurs, de présenter aux mineurs les jeux d’argent comme un loisir, d’utiliser des personnalités ou personnages de l’univers des mineurs et bien entendu de prendre pour cible les mineurs.

Le message de prévention renforcé

La loi du 12 mai 2010 a rendu obligatoire un message de prévention dans toute publicité pour les jeux d’argent et de hasard : « Jouer comporte des risques … » Trois messages différents permettent une alternance entre les 3 risques majeurs que sont ici l‘endettement, l’addiction et l’isolement. Message qui doit être suivi du numéro d’appel du service d’aide psychologique aux joueurs, le 09 74 75 13 13.

Le décret précité du 4 novembre 2020 vient renforcer ce message de prévention en précisant qu’il doit être accessible, aisément lisible, et clairement distinguable du message publicitaire. En TV et cinéma, il doit être d’au moins 7% de la hauteur de l’écran ou se trouver sur un écran final. En presse, le message doit être à l’horizontal et occuper au moins 7% de l’espace publicitaire.

L’Avis du CPP

Le Conseil Paritaire de la Publicité n’a pas attendu les dérapages pour intervenir, soucieux de protéger les mineurs pour lesquels bien entendu les jeux d’argent et de hasard sont interdits. Soucieux également de ne pas encourager les pratiques addictives. Dans un avis en date du 18 janvier 2021, le CPP émet quelques recommandations en vue de protéger les mineurs. Notamment il demande à ce que les acteurs dans les spots ou visuels publicitaires aient au moins 25 ans (sauf pour les sportifs de haut niveau dont la notoriété est telle que leur majorité est connue), que  les influenceurs partenaires des opérateurs aient également au moins 25 ans et qu’ils possèdent le Certificat de l’influenceur responsable délivré par l’ARPP.

La nouvelle recommandation de l’ARPP

A la suite de l’avis du CPP, l’ARPP a donc fait évoluer sa recommandation sur les jeux d’argent et de hasard. Cette nouvelle version, entrée en vigueur ce 1er septembre, s’attache à protéger  les mineurs des publicités pour  les jeux d’argent et de hasard. Elle reprend bon nombre des suggestions émises par  le CPP comme un âge supérieur à 25 ans pour les personnes représentées dans la publicité. L’exception en faveur des sportifs de haut niveau est également intégrée et étendue aux jockeys et  drivers qui participent aux courses hippiques. L’ARPP impose également le respect des dispositions de la fiche pratique « Communication d’influenceurs  et marques » liée à la recommandation Communication Publicitaire Numérique dans sa nouvelle version. L’ARPP rappelle également qu’il est interdit de suggérer qu’un mineur puisse jouer, qu’il est aussi interdit d’utiliser l’univers du jeune public, que les personnages soient réels ou imaginaires, qu’il est encore interdit de présenter les jeux d’argent comme un passage à l’âge adulte ou comme un cadeau qu’un enfant pourrait offrir ou recevoir.