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Publicité pour les jeux d’argent : les médias s’engagent davantage

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A l’approche de la FIFA 2022, la publicité pour les jeux d’argent et les paris sportifs est sous le feu des projecteurs. Pour éviter les dérapages, les principaux médias souscrivent à de nouveaux engagements.

Voici déjà 12 années que la loi du 12 mai 2010 a ouvert, à la demande de l’Europe, les jeux d’argent et de hasard à la concurrence. Cette loi, ainsi que son décret d’application du 8 juin 2010 a défini un cadre dont les objectifs prioritaires étaient de protéger les mineurs et d‘éviter de nourrir les risques d’addiction aux lourdes conséquences financières, sociales, voire psychologiques. La loi avait été précédée d’une recommandation de l’Arpp qui insistait sur la nécessité de protéger les mineurs et qui prônait de valoriser le jeu responsable et  la responsabilité sociétale dans les représentations. De son côté le CSA adoptait en juillet 2010 une Charte de bonne conduite en télévision et radio.

Le cadre juridique était donc posé. Fait d’un équilibre entre obligations règlementaires et règles déontologiques volontaires. Et cet équilibre semble avoir donné satisfaction jusqu’à ces dernières années qui ont vu se multiplier les messages agressifs et pour plusieurs pas très responsables socialement. Aussi, la nécessité de s’inscrire dans une démarche publicitaire plus responsable s’imposait, d’autant plus à l’approche de la FIFA 2022, notamment pour le secteur des paris sportifs.

Sous l’égide de l’Agence Nationale des Jeux (ANJ) chargée d’encadrer ce secteur, la carte des chartes de bonne conduite a été jouée. De nouvelles chartes ont vu le jour, les portant désormais à quatre. A tel point que tous les médias, à l’exception de la presse print ont désormais leur charte. Cap prioritaire : renforcer la protection des mineurs. Mais aussi tenter de contenir le nombre de messages publicitaires durant les grandes manifestations sportives.

2 Chartes audiovisuelles

C’est donc depuis 2010 que la publicité audiovisuelle pour les jeux d’argent et de hasard est encadrée par une charte de bonne conduite initiée sous l’égide de feu le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel. Aujourd’hui deux chartes sont ainsi applicables à la publicité télévisée, radiophonique et cinématographie. Mais ces chartes ont été renforcées dernièrement. Par exemple, le nombre maximum de publicités pour les jeux d’argent dans un même écran publicitaire en TV et radio a été ramené de 4 à 3 (ce qui est encore beaucoup…). En outre, 2 publicités ne peuvent pas être diffusées consécutivement. Ces chartes revisitées ont été adoptées, entre autres, par TF1, France TV, M6, BeIn Sports pour la télévision, par Lagardère News, Radio France et NRJ en radio.

Une charte en publicité extérieure

C’est une nouveauté, la publicité extérieure a adopté elle aussi sa charte de bonne conduite. Par exemple elle exclut la possibilité d’afficher une publicité pour des jeux d’argent ou de hasard ou encore de paris sportifs à proximité immédiate d’un établissement scolaire ou d’une structure de soins en addictologie. Autre restriction, limiter la pression publicitaire dans les gares et stations de métros, qui, on le sait, sont des lieux très fréquentés et par bon nombre de mineurs. En outre, les afficheurs s’engagent à mettre à disposition de l’ANJ des espaces disponibles pour renforcer sa communication de prévention.

Une charte en digital

Restait à encadrer la publicité sur internet, qu’il s’agisse des réseaux sociaux, des sites, des plateformes ou encore des applications et les influenceurs. Pour cela, l’Arcom a validé l’extension des chartes audiovisuelles à la publicité digitale pour les jeux d’argent et de hasard. Cette extension concerne aussi bien les activités de streaming que le replay. Par exemple, il sera désormais interdit de faire un partenariat avec un influenceur si ce dernier a au moins 16% de son audience sur la tranche des 13-17 ans. Les acteurs s’engagent également à protéger les publics vulnérables, notamment les joueurs excessifs.

Un regret toutefois dans ce qui parait être un consensus général, le refus du SIRTI (le Syndicat des Radios indépendantes) de signer ces nouveaux engagements. Un refus motivé par le nouveau message de prévention qui, selon le SIRTI, représente désormais la moitié d’un spot radiophonique de 20 secondes.

Un nouveau message de prévention

En effet, c’est un arrêté du 27 juillet qui modifie le message de prévention, arrêté applicable depuis le 2 octobre. Le nouveau message est effectivement plus long et comporte 2 parties.

« Les jeux d’argent et de hasard peuvent être dangereux : pertes d’argent, conflits familiaux, addiction… Retrouvez nos conseils sur joueurs-info-service.fr (09 74 75 13 13 appel non surtaxé) »

Le message doit également comporter le logo du gouvernement. Il doit être accessible, aisément lisible, notamment en lettres capitales, et clairement distinguable du message publicitaire.

Au cinéma et en télévision, deux formes sont possibles. Soit un bandeau fixe en bas d’écran, en lettres noires sur fond jaune. Cette cartouche doit être d’au moins 7% de la hauteur de l’écran. Il doit être mentionné sur 2 lignes, la 1ère partie du message avec des lettres représentant au moins 39% de la cartouche et la 2ème partie 37%. Mais il est aussi possible d’opter pour un message en fin de publicité, par un écran final exposé au moins 3 secondes. Les lettres doivent être noires sur fond jaune et d’au moins 7% de la hauteur de l’écran.

L’ANJ se voit confier un suivi annuel du respect de ces nouvelles règles. Enfin, rappelons que dernièrement, l’Arpp avait également actualisé sa recommandation comme nous l’expliquions dans un article récent.