Interdites depuis toujours de publicité télévisée, les éditions littéraires y ont désormais accès depuis le 6 avril. Mais cette ouverture est loin de faire l’unanimité.
Les 1ers spots publicitaires TV ont été diffusés le 1er octobre 1968. C’était une véritable révolution dans le paysage médiatique français et les médias presse, radio et affichage ont bien-sûr vu arriver ce concurrent d’un mauvais œil. Pour calmer les choses on a interdit de publicité télévisée certains secteurs tels que la distribution, le cinéma ou encore les éditions littéraires. A noter toutefois que la publicité pour les livres était possible sur les chaines cryptées à vocation littéraire.
Mais à son tour, la télévision s’est elle-même retrouvée face à la concurrence de plus en plus vive du média internet, devenu depuis maintenant 6 ans le 1er média publicitaire avec 53% des parts de marché en 2023. En conséquence, en 2007 la distribution a été autorisée de pub TV et ce fût le tour en 2021 du cinéma.
Restait la question des éditions littéraires qui avait été évoquée lors de l’autorisation d’accès du cinéma en 2021, puis au dernier moment retirée du décret. En toute logique ce verrou devait sauter. En effet, les seules interdictions de publicité TV se justifient désormais par des enjeux de santé publique (alcool, tabac, médicaments sur ordonnance) ou de sécurité (armes à feu).
Mais c’est peut-être davantage la brutalité de la méthode utilisée ici par le gouvernement qui surprend. En effet, la décision a été prise par un décret du Premier Ministre daté du 5 avril et faisant suite à une consultation publique lancée en janvier et dont les résultats n’ont pas, à ce jour, été rendu publics.
Désormais donc les éditeurs littéraires peuvent promouvoir leurs produits à la télévision depuis le 6 avril, date d’entrée en vigueur du décret. Cette autorisation se veut expérimentale, pour une période de 24 mois. C’est BFM TV qui a ouvert le bal avec une campagne pour le livre « Les effacés » de Bernard Minier aux éditions XO créées par un certain Bernard Pivot.
Mais les principales instances professionnelles de l’édition sont vent debout contre cette mesure. C’est notamment le cas du Syndicat de la librairie française, du Syndicat National de l’Édition et de ses 720 adhérents, du Conseil Permanent des Écrivains et de la Fédération des Éditions Indépendantes qui regroupe 400 éditeurs. Le 17 avril, l’organisation professionnelle des éditeurs demande le retrait du décret.
Leurs craintes ? Que cette réforme n’aboutisse au final à favoriser les best-sellers et en conséquence à appauvrir les créativité et diversité littéraires. De son côté, le Ministère de la Culture estime que cette accès de la littérature à la télévision pourrait être propice à encourager à la lecture de nouveaux publics.
Nous sommes quant à nous persuadés que de nouveaux débats attendent la publicité télévisée. Sur la sellette par exemple les restrictions imposées à la distribution en matière d’offres promotionnelles de ses produits sur le petit écran, actuellement encore interdites. Une restriction qui pourrait bien être remise en cause prochainement…